L’histoire de Giacomo et de Maddalena est avant tout une histoire de transmission et de patrimoine avec la fabrication de produits traditionnels comme point d’ancrage. Ils ont réussi à exporter le savoir-faire italien, directement issu de leurs racines en valorisant les productions bretonnes, qui leur servent à la fabrication des pâtes qu’ils déclinent sous toutes les formes : tagliatelle, fusilli, conchiglie, casarecce…
Partis de Toscane dans le centre de l’Italie, ils arrivent en France, et plus précisément en Bretagne en 2015. Giacomo vient des Alpes italiennes, près de la frontière suisse et Maddalena de Milan.
Ils ont tous les deux grandi sur ces terres aux multiples saveurs culinaires. Après diverses pérégrinations, ils décident de quitter l’Italie qui leur offrait peu de perspectives. Choisir la Bretagne s’était s’installer sur un territoire déjà connu, dans le cadre professionnel pour Giacomo et à l’occasion de villégiatures pour Maddalena.
Les voilà donc partis avec leur petit bout de chou, Decio, alors à peine âgé de 2 ans. Giacomo a d’abord trouvé du travail comme pépiniériste tandis que Maddelena reprenait son travail de graphiste à domicile. Ils ont tous les deux eu un véritable coup de cœur pour la région, et surtout une grande envie d’y prendre racines.
Chemin faisant, l’idée de donner vie à un projet qu’ils avaient en tête depuis longtemps a pris forme. Initialement, ils souhaitaient se lancer dans la culture de céréales, produits de base des pâtes. Ils entreprennent donc une formation avec le FRCIVAM Bretagne (Centre d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu Rural) qui va les aider à affiner leur projet de création d’activités.
Et c’est à ce moment là, à l’occasion d’un voyage en Italie dans leur famille, que Maddalena découvre un objet qui va être le déclic. Elle voit dans un coin de la pièce où elle était avec ses parents un grand bâton, qui avait toujours été là sans qu’elle sache vraiment à quoi il servait. Sa mère, originaire de Parma – terre de tagliatelle, Parmesan, jambon cru – lui explique que c’était le rouleau que son arrière-grand-mère utilisait pour fabriquer les pâtes, une tradition familiale depuis des générations.
C’était la pièce du puzzle manquante. Dès lors, tout a pris sens. Le désir de monter une activité artisanale, à une échelle humaine, en lien avec les céréales et en fabriquant un produit emblématique de leur terre d’origine dans la pure tradition familiale est devenu une évidence.
Ils se plongent alors dans les carnets de recettes familiaux, dans lesquels les secrets de fabrication des pâtes traditionnelles trouvaient bonne place. Parallèlement, ils prennent conscience que blé dur à part, la plupart des ingrédients de base à la fabrication des pâtes se retrouvent en Bretagne. Le lien était fait entre la terre d’origine et la terre d’accueil, la boucle était bouclée.
Comme il n’était pas facile d’acquérir des terres, ils font le choix de commencer par la transformation, avec des produits de bases exclusivement biologiques et locaux : farines du sud de Rennes, légumes de Vignoc, œufs de Langouët, fromage et lait de Hédé Bazouge et de Saint-Germain-sur-Ille… Seuls le curcuma et la semoule de blé dur viennent de plus loin : respectivement de Madagascar et d’Italie pour privilégier la qualité et la saveur.
Ils intègrent la coopérative « Elan créateur » qui leur fournit un cadre ainsi que le statut de salariés en mars 2019 et s’installent dans la ferme BioTaupes à Vignoc. Ils bénéficient là d’un cadre idéal, au sein d’un collectif de producteurs et transformateurs travaillant tous dans le même état d’esprit. Du maraîchage en passant par la boulangerie, des pépinières de « Gourmands de Nature » à la fabrication de produits lacto-fermentés avec les Cru’c, sans oublier Quanto Basta, la joyeuse bande de BioTaupes travaille dans un espace mutualisé, où solidarité et entraide sont les ingrédients de ce lieu qui respire le bien-être.
Des projets ? Ils en ont plein. D’abord trouver des terres à mutualiser avec les producteurs de BioTaupes pour produire eux-mêmes les céréales nécessaires à la fabrication des pâtes. Ensuite, développer les plats préparés avec l’idée de faire des recettes italiennes avec des produits bretons. Et enfin, diversifier l’offre, avec notamment la vente de produits en vrac, pour des produits toujours plus accessibles.
La succession de confinements a été l’occasion d’un regain d’intérêt pour les circuits courts et une aubaine pour l’activité de Giacomo et Maddalena. Le marché ambulant mis en place par BVBR a donné un coup de boost non négligeable à leur activité, notamment grâce à la distribution sur tout le territoire de la Bretagne Romantique. Comme le dit joliment Maddalena, « c’est l’occasion de donner une géographie à ce que l’on achète ». D’après eux, il est important d’expliquer l’intérêt des circuits-courts, pas forcément synonymes de surcoût pour le consommateur. L’instauration d’une monnaie locale serait aussi un outil intéressant pour stimuler et valoriser la production locale.
Giacomo et Maddalena ont donné vie à leur projet en Bretagne, où ils vivent avec leurs deux enfants, Decio et Lilit et une chose est sûre, ils contribuent à la richesse de notre territoire.