Parole citoyenne # 6

Quand ça ne veut pas…

Ce sont les vacances. Les pensées et les idées sont à l’arrêt, sans doute histoire de faire de la place à l’insouciance et à la détente.

C’est la panne totale cette semaine: trop d’idées, la tête pleine, l’inspiration à vide, la parole confisquée… que dire, comment dire, où dire ?

La parole s’exerce de plus en plus dans la sphère d’une novlangue qui détruit la pensée. Elle va plus loin encore que la langue de bois. La novlangue a pour particularité de diffuser des idéologies en confisquant toute perspective de nuance et favorise les radicalités outrancières en disqualifiant toute contestation.

Lorsque les mots sont détournés de leur sens initial, vidés de leur substance, orientés, c’est le tableau d’une réalité toujours un peu plus déformée qui nous sert de référence. L’injonction d’utiliser un vocabulaire fortement influencé par un langage toujours formulé avec des mots positifs rend quasiment impossible toute forme de réticence. Ce langage est comme une capsule qui enferme la pensée dans nos esprits.

Le philosophe et mathématicien Ludwig Wittgenstein a écrit : « Les limites de mon langage sont les limites de mon monde ». Chaque fois que l’on supprime un mot ou qu’on le détourne, on supprime un chemin de pensée. Chaque fois que l’on remplace un mot par un autre, on rétrécit le champ de la diversité des possibles. Pour penser, réfléchir, voir, entendre, regarder et comprendre il faut avoir des mots adaptés qui stimulent nos réflexions, nos sens et nos émotions.

Cette semaine, je me sens bêtement piégé dans cette capsule. Mes idées ne parviennent pas à explorer l’actualité comme un voyage où je me sens libre. Du coup, en ce début mars, la rubrique « parole citoyenne » passe son tour.

Mais rassurez vous, le monde, lui, continue de tourner et d’inventer et il nous prépare encore de belles surprises pour bousculer nos vies quotidiennes.

Le marché ambulant est ouvert… à vos commandes!

Bonne semaine !

Corto Fajal, Président de BVBR

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