Un voyage local – Newsletter du 21-10-2022

Nous vivons ces dernières années des temps perturbés, les crises se superposant les unes aux autres sans nous laisser de répit. Pour nos générations nées après les dernières guerres coloniales, le réveil est douloureux. Biberonnés à l’abondance (pétrole, gaz, électricité, eau…), nous découvrons soudain que nos sociétés modernes et hyper connectées sont aussi hyper fragiles, soumises à l’effet papillon, cette loi qui veut qu’un petit battement d’aile à l’autre bout du monde provoque un  tsunami ici. Qu’elles soient sanitaires, climatiques, environnementales, politiques, géopolitiques, nous sommes embarqués dans des crises que nous pensions, pour beaucoup, dépassées, dans un monde dont certains disaient il y a quelques années, suite à l’effondrement de l’empire soviétique, qu’il vivait la fin de l’histoire.

La mondialisation de l’économie n’a pas apporté à l’humanité les bienfaits fantasmés par ses promoteurs. Pire, elle a déchaîné la précarité d’un côté, les superprofits de l’autre, mettant dos à dos des populations nombreuses déclassées et des firmes multinationales devenues plus puissantes que n’importe quelle nation. Les pandémies se développent à un rythme accéléré, touchant humains et animaux, et le chacun pour soi gagne du terrain à chaque élection qui voit les partis du repli et de la xénophobie déployer leurs ailes sur un monde incertain.

Dans ce contexte, nous avons la chance dans nos campagnes de vivre un peu à l’écart de la frénésie anxiogène que vivent les citadins. Il est vrai que la pénurie de carburant nous impacte d’avantage. En même temps elle nous rappelle que le modèle actuel est intenable et qu’il nous faut inventer les mobilités de demain. Nous vivons dans un cadre calme, et cela est appréciable. Il nous suffit de sortir de chez nous pour nous trouver au cœur d’une nature apaisante. Et nous bénéficions, sur notre territoire, nous ne le répéterons jamais assez, d’une production agricole pléthorique qui ne demande qu’à nous alimenter, plutôt que d’aller chercher des produits poussés artificiellement à des milliers de kilomètres de nos assiettes. D’ailleurs, si la grande distribution s’intéresse de plus en plus aux produits locaux, c’est bien qu’elle y voit un intérêt. Les circuits courts cependant, ont d’autres ambitions, notamment celle de rémunérer les producteurs à leur juste prix. Marchés locaux, magasins de producteurs, AMAP, et bien sûr notre marché ambulant ont fleuri ces dernières années et nous sommes fiers de faire partie du voyage, accompagnés de nos partenaires, qu’ils soient producteurs, adhérents,  bénévoles… Il n’y a qu’à voir le bonheur le vendredi de préparer les paniers de vos commandes.

En parallèle du marché, un autre sujet nous tient à cœur, toujours dans cette volonté de faire sens avec notre bassin de vie. La connaissance de notre territoire passe par l’alimentation, mais également par sa géographie physique. Combien d’entre nous, en y réfléchissant, connaissent mieux, qui les côtes de la Manche ou de l’Atlantique, qui les massifs alpin ou pyrénéen, qui la Crête ou les Baléares, que la forêt située à moins de 10 km de chez nous. Qui maitrise les différentes zones géologiques, hydrographiques, agricoles, forestières… qui façonnent nos paysages. De là est venue l’idée de la GTBR, cette grande traversée de la Bretagne Romantique qui a vocation de traverser l’ensemble des communes de la communauté de communes, se payant le luxe d’une échappée le long de la Rance voisine, exutoire et prolongement naturel de notre bassin hydrographique.

Début juillet, une dizaine de bénévoles, salariés, adhérents de BVBR ont repéré les deux premières étapes de l’itinéraire, au départ des Serres, le temps d’un week-end. Nous avons ainsi découvert dans une ambiance très conviviale des lieux à côté desquels nous passons parfois tous les jours sans avoir conscience de leur existence. Nous sommes en octobre, et nous ne voulons surtout pas imposer de bivouac qui serait à n’en pas douter frais et humide. Aussi vous proposons-nous, le 6 novembre, de   parcourir l’étape suivante, d’une distance de 18 km, à la journée avec pique-nique en commun. Cette balade nous conduira de Dingé à l’étang du Boulet, vaste plan d’eau qui a un rôle hydraulique important puisqu’il alimente en eau, via la Rigole du Boulet, le Canal d’Ille-et-Rance en son point culminant. Nous traverserons sans aucun doute des paysages magnifiques, et ne mobiliserons que notre propre énergie. Vous venez ?

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