Le Repli – Newsletter du 18-11-2022

Il y a des jours ou l’on se sent récompensé de l’énergie déployée dans l’engagement bénévole qui est le nôtre… et des jours ou c’est un peu plus dur.

C’est le cas en ce moment.

Ce n’est un secret pour personne, les temps sont durs, pour se chauffer, pour se déplacer, pour manger… et rien n’indique qu’à court terme cela va changer. A BVBR, nous luttons pour ne pas se laisser aller à la morosité anxiogène dans laquelle cette période  voudrait nous aspirer. La tentation est grande du repli sur soi, du chacun pour soi quand c’est probablement tout l’inverse qu’il faudrait faire. C’est l’opportunité extraordinaire de renforcer les liens, de les entretenir, de les déployer, de les développer…

Nous disions la semaine dernière, en conclusion de la newsletter, qu’il y a  dans les racines de nos milieux de vie, un trésor caché que nous réapprenons à découvrir après des décennies d’une vie turbulente et hors sol qui a entretenu l’illusion que tout était indéfiniment possible. Et bien voilà, c’est ça : déterrons le trésor.

Avec le marché ambulant, notre intention a toujours été de rendre accessible géographiquement au plus grand nombre l’offre diversifiée qui se trouve sur notre grand territoire rural.

Puis est venue la question de l’accessibilité financière au plus grand nombre de cette alimentation locale notamment ce qu’on peut appeler  les populations fragiles, vulnérables … Mais ne le devenons-nous pas tous un peu ?

Nous aurions pu faire des paniers suspendus, faire œuvre de charité sans vraiment avoir beaucoup d’impact… Et puis, il y a déjà beaucoup d’acteurs qui ouvrent efficacement depuis des années sur le territoire : les Restos du cœur, les banques alimentaires ainsi que tous les organismes sociaux qui accompagnent les différents publics..

Alors nous avons décidé d’être fidèles à notre vocation impulsée dans notre dynamique citoyenne, et de construire cette opération « plat préparé » à base de produits et fournisseurs  locaux, qui s’adresse à tous sans discrimination : une opération massive ou on joue sur l’implication de tous (les ateliers cuisine et nutrition, la collaboration des communes qui nous mettent à disposition leurs équipements…) et la quantité pour pouvoir rendre le prix hyper accessible.

Pari gagné en juin, ou toutes les portions ont été vendues en une semaine !

Fort de ce succès, et confiant dans votre participation,  nous avons renouvelé l’expérience en ce mois de novembre… Et vous êtes nombreux à ne plus être au rendez vous!  Que se passe-t-il ? à deux jours de la fin des commandes, il reste 130 portions à vendre sur les 280 au départ.

Pour nous, c’est un échec. Il est probable que nous ne pourrons plus le refaire… ce n’est pas très compréhensible, et c’est un peu dur… Nous engageons beaucoup d’énergie et une part de risque non négligeable pour rendre cela possible.. et échouer nous fragilise.. financièrement, moralement… La participation collective poussive est difficile à comprendre et le message reçu est que vous n’en avez pas besoin.

Soit. Devrons-nous en prendre acte et en tirer cette conclusion, lorsque nous ferons le bilan dans deux jours à la fin des commandes ? Vous êtes 500 à recevoir cette newsletter, plus de 5 000 sur la page du groupe Facebook, plus de 200 personnes à vous connecter toutes les semaines sur notre portail où figure l’opération « plat préparé » en Une ainsi qu’une cinquantaine de producteurs sur le territoire… Si la solidarité ne s’exprime plus, nous sommes en droit, nous bénévoles qui donnons notre temps de manière inconditionnelle à cette solidarité depuis plus de deux ans maintenant, à nous laisser aller à une certaine lassitude.

Si nous n’y arrivons pas, le message reçu est que vous n’en avez pas besoin et n’en voulez pas, ou que le méchant repli sur soi à déjà fait ses ravages sur les élans collectifs exaltants qui fabriquent les miracles. Dans les deux cas.. c’est une expérience un peu dure.

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