Imaginez que vous soyez locataire d’un lieu, et que l’on vous apprenne au 5 décembre, à l’approche des fêtes de Noël, que si vous n’avez pas signé un acte de vente au 7 janvier suivant dernier délai, il faudra que vous ayez quitté les lieux.
Pour des raisons et un contexte qu’il serait fastidieux d’expliquer ici, c’est la situation dans laquelle Bien Vivre en Bretagne Romantique et Artoutaï Productions se sont retrouvés en cette fin d’année aux serres de Launay.
Réunion d’urgence: Etat des lieux des options.
Lorsque nous apprenons la nouvelle, nous avons 4 semaines pour réagir, dont deux semaine consacrées pour l’essentiel aux fêtes de fin d’année où presque tout le monde prend des vacances. Il faut aussi tenir compte du contexte pandémique où les arrêts de travail sont nombreux…
Honnêtement, cela semble perdu d’avance: il nous faut créer une structure juridique associant les structures impliquées, donc mettre en place un temps de concertation, se mettre d’accord sur sa forme, ses compétences, sa gouvernance, puis rédiger les statuts, valider tout cela après discussions et échanges au niveau des conseils d’administration respectifs, établir les procès verbaux, déposer les statuts au greffe, attendre leur validation pour que la structure soit immatriculée et obtenir les papiers officiels de cette immatriculation.
Puis il faut trouver une banque qui accepte de faire un prêt à cette nouvelle structure, obtenir un rendez vous au milieu des agendas surchargés d’avant les fêtes, présenter des bilans financiers, établir un prévisionnel sur au moins 3 ans, trouver la banque qui accepte, recevoir l’offre de prêt, remplir les papiers et les documents nécessaires, les faire valider par la banque, signer l’offre de prêt, effectuer les démarches de garantie auprès du notaire, puis enfin virer les fonds sur le compte du notaire chargé de la vente avant le 7 janvier.
Nous l’avons fait.
Le 7 janvier, le montant de l’acquisition des serres de Launay était sur le compte du notaire, marquant la naissance officielle du tiers lieu agri culturel du Clos Melouin en Bretagne Romantique.
Plus d’un hectare et demi de terres et près de 500m2 de bâtiment dédiés aux projets socio-agri-culturels et environnementaux de BVBR et Artoutaï. Pas seuls, bien sûr, car nous allons organiser bientôt un forum des organisations et initiatives de tout ceux qui souhaitent s’associer à cette démarche, avancer dans le même sens et enrichir de leur compétence et leur complémentarité nos actions respectives.
A commencer par un projet agricole que nous souhaitons accueillir ici, mais aussi des ateliers découvertes autour de l’alimentation, la santé, la biodiversité… Nous aurons l’occasion d’y revenir.
Mais comment ce miracle a t’il pu se produire?
Force est d’avouer que depuis le début, l’aventure BVBR est faite de fulgurances et de belles rencontres.
Et là encore pour accompagner notre farouche désir de relever ce défi impossible, nous avons croisé la route de personnes qui ont ajouté leur compétence et leur énergie aux nôtres.
Ainsi, Amel, avocate à Rennes avec qui nous avions entamé une démarche de concertation moyen terme dans le cadre d’un dispositif d’accompagnement de projet. Avec l’accord du financeur de ce dispositif, France Bretagne Active, Amel n’a pas hésité à reflécher cet accompagnement initial sur l’enjeu court terme de l’acquisition, à s’adapter à une temporalité contrainte, en sacrifiant plusieurs jours de ses vacances de fin d’année pour rester à nos côtés et apporter toute son expertise et ses compétences dans les démarches juridiques et administratives.
Et puis, il y a ce rendez-vous à la banque. Nous sommes fébriles, l’enjeu est d’importance et nous devons être convaincants. Nous rencontrons les deux responsables des pôles projets agricoles et entreprises, Chloé et Arnaud.
L’accueil de notre projet est très positif, reste les écueils de délais… en les réduisant au maximum de ce qu’il est possible de faire, les fonds peuvent être libérés le 21 janvier au mieux. Trop tard donc.
Nos interlocuteurs à la banque semblent confiants: à partir du moment où elle donne son accord, il doit être possible de décaler la vente au 21 janvier. Un échange téléphonique avec le notaire les fait déchanter: au vu du contexte, si les fonds ne sont pas sur le compte le 7 janvier à 16h00, nous devrons être partis, et la vente nous échappe.
Un peu désarçonné, Arnaud le banquier raccroche, regarde sa collègue Chloé, nous regarde.
« Bon, ben on va le faire… on va faire le nécessaire. Si de votre côté, vous obtenez les papiers d’immatriculation de l’entreprise dans les deux jours, on se met en ordre de marche pour que le 7 janvier, les fonds soient virés. »
Chloé semble faire un rapide calcul, puis acquiesce à son tour… « Ok, on va le faire »!
Et voilà, ce furent deux semaines d’agitation intense et d’une solidarité sans faille des membres de BVBR, d’Artoutaï, d’Amel, d’Arnaud, Chloé et Jérome mobilisant l’énergie et le temps disponibles pour effectuer règlementairement mais dans des délais hyper contraints toutes les démarches nécessaires.
Il ne faut pas oublier non plus Mikael, acteur engagé dans les transitions dans sa vie civile et qui, séduit par notre projet, a accepté d’y investir une somme importante constituant l’essentiel du capital d’apport.
Des fulgurances… qui rendent optimistes. Car dans ce monde à l’actualité chaotique, des rencontres improbables donnent jour à des collaborations remarquables qui permettent de franchir des obstacles insurmontables.
Croire aux miracles le 7 janvier parait facile… quand le 5 décembre, cela était catastrophiquement impossible.
Merci.
Et Bienvenue au « Clos Melouin » / tiers lieu agri-culturel.