Gazette de BVBR n°14 – Novembre 2025

Edito

Une nouvelle page s’écrit aux Serres

Le groupe de travail “structuration” pose les jalons d’un futur désirable.
 Le 3 octobre 2025, huit membres actifs de BVBR se sont réunis pour une réunion un peu particulière : ni ordre du jour administratif, ni liste de tâches à cocher. Juste une invitation à rêver ensemble l’avenir de notre tiers-lieu. Ce qui en est ressorti dessine les contours d’une aventure collective renouvelée, lucide et enthousiasmante.

Regarder le chemin parcouru avec fierté

Cinq ans. Cinq années depuis la création de BVBR en pleine pandémie. Cinq ans où une poignée de citoyens a accompli ce que beaucoup jugeaient impossible : acheter un lieu agricole, créer une SCIC, développer un marché ambulant touchant 5 600 foyers, lancer un maraîchage solidaire, animer des ateliers avec 150 enfants, tracer 280 km de sentiers pour la Grande Traversée…
 Quand Sève fait visiter les Serres, elle ressent cette fierté : « On a fait tout ça… on a du potentiel ». Ce sentiment est partagé par tous les membres présents. Nous avons validé une intuition forte : que nos milieux de vie peuvent nous nourrir, nous rassembler, nous donner du sens et des loisirs. Nous avons maintenu une gouvernance citoyenne authentique là où beaucoup s’essoufflent.
 Corto le rappelle : « Ce qu’on a construit est beau et bien. On n’a pas à rougir de ce qu’on a fait. »

Une lucidité nécessaire

Mais l’heure est aussi à la lucidité. Plusieurs voix se rejoignent sur un constat partagé: nous nous épuisons. Le noyau dur tient à bout de bras des projets multiples, portant seuls les responsabilités financières et administratives.
 « C’est comme si on était des précurseurs et le monde n’est pas prêt », observe Corto. Les différents cercles d’activités ne se croisent pas toujours, remarque Romain : ceux qui font la Grande Traversée ne viennent pas nécessairement aux guinguettes, les jardipotes ont leur propre dynamique… Cette richesse indéniable est aussi une dispersion d’énergies dont il faut tenir compte.
 Et puis il y a ce paradoxe qui interroge : nous avons un super lieu, mais qui n’intéresse (encore) pas grand monde au-delà de nos cercles. « Pour faire venir les publics, il faut quelque chose qui dure dans le temps », rappelle Virginie. « Il ne faut pas lâcher. »

Un rêve partagé pour demain

C’est là que la soirée a pris tout son sens. Invités à imaginer les Serres dans deux ans, les participants ont fait émerger une vision commune enthousiasmante :
Un tiers-lieu vivant au quotidien :
• Des professionnels installés : bureaux partagés, entrepreneurs, actifs qui occupent le lieu tous les jours
• Un lieu accueillant : quelqu’un sur place pour coordonner, accueillir, faire le lien
• Des espaces aux normes : eau chaude et froide, cuisine fonctionnelle où transformer les légumes du jardin en plats à emporter
Une ruche d’activités complémentaires :
• Les jardipotes et le maraîchage solidaire qui continuent leur belle aventure
• Des ateliers le mercredi et le week-end : alimentation, biodiversité, bien-être…
• Une guinguette ouverte le midi, un goûter le mercredi après-midi
• Des formations professionnelles
• Du woofing pour seconder le maraîcher
• Des manifestations culturelles et festives
Un espace pour les familles et la biodiversité :
• Des moments de parentalité en pleine nature
• Des animaux qui participent à la vie du lieu
• Un coin poétique et ludique (cabanes…)
• Un parcours sensoriel d’éveil à la biodiversité
• Des prairies entretenues pouvant accueillir les éclaireurs certains week-ends
Une autonomie financière retrouvée :
• Des locations pour événements et salons
• Un modèle économique vertueux qui ne repose plus uniquement sur l’épuisement bénévole
• « Ne plus réfléchir en citoyen bénévole mais en citoyen entrepreneur : qu’est-ce qu’on fait avec ce lieu ? »

De l’association à la coopérative : une transition assumée

Le constat est unanime : le format associatif n’est plus tenable pour la gestion d’un tel lieu. Cela ne signifie pas abandonner nos valeurs, bien au contraire. C’est les incarner différemment. 
La proposition qui émerge : mettre la SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) au premier plan pour la gestion et l’animation des Serres, tout en gardant l’association BVBR comme espace de dynamique citoyenne.
 Comme le dit Romain : « Entreprise, ce n’est pas un gros mot. Notre pays a besoin d’économie vertueuse. » Karine ajoute : « Les fonds privés sont à l’affût de dynamiques innovantes. »

Devenir coopérateur : un engagement renouvelé

L’idée fait son chemin : demander à chaque occupant régulier des lieux de devenir coopérateur. Non plus simplement bénévole, mais co-propriétaire et co-responsable. Un passage du « pour vous » au « avec nous ». 
Le groupe semble prêt à franchir ce cap : « Ça donne envie d’y aller », résume Maud. « Si on veut que le tiers-lieu vive et survive, il faut passer à des rentrées d’argent », acquiesce Sylvie.

Retrouver la joie de faire ensemble

Au-delà des aspects pratiques et financiers, c’est peut-être ce vœu de Sève qui résume le mieux l’esprit de cette soirée : « Retrouver la joie et l’insouciance de faire ensemble. »
 Car c’est bien de cela qu’il s’agit : passer de l’épuisement à l’enthousiasme, de la solitude à la collégialité, du bricolage permanent à une organisation pérenne. Non pas pour trahir nos valeurs, mais pour les incarner de manière plus durable, plus joyeuse, plus forte. 
Maud le dit avec ses mots : « Chouette, la liberté que l’asso donne à chacun. » Et elle ajoute ce qui lui manque : « Un liant, des personnes qui font le lien pour que ce qu’on fait soit connu par les autres et le fasse rayonner. C’est comme s’il fallait un gardien des lieux. » 
Ce gardien, ce coordinateur, cette nouvelle organisation… C’est maintenant que nous les dessinons ensemble.

L’invitation qui vous est lancée

Cette réunion n’est qu’un début. Une pierre posée dans un édifice qui ne demande qu’à se construire collectivement.
 Si cette vision vous parle, si vous avez envie de participer à cette nouvelle histoire, les portes sont grandes ouvertes. Que vous soyez déjà membre actif, simple adhérent, ou juste curieux de notre aventure : il y a une place pour vous dans cette transition.
Car comme le rappelle l’histoire même de BVBR : nous savons faire quand nous sommes ensemble. Nous l’avons prouvé pendant le Covid, nous l’avons prouvé en achetant les Serres, nous l’avons prouvé à chaque guinguette, à chaque atelier, à chaque distribution de paniers.

Alors continuons. Autrement. Ensemble.

La ruche citoyenne

Vie du tiers-lieu

Et hop, dimanche 9 novembre, chantier participatif pour un tiers-lieu tout beau !

La fin d’année approche avec ses grands frimas et il est temps de passer le tiers-lieu à l’heure d’hiver. Au programme : rangement du mobilier de la guinguette, petites réparations et bricolage, sans oublier l’inventaire du matériel et l’organisation de nos quartiers d’hiver dans l’ancienne salle du marché et le mobil-home.

Au-delà de ces missions, c’est surtout l’occasion de se retrouver pour le plaisir de faire ensemble, prendre soin de nos communs, et bien sûr partager un repas en toute convivialité.

Alors, ça vous tente ? On vous attend nombreux dès 10h00 aux Serres.

Parce qu’un tiers-lieu, c’est tout cela à la fois et bien plus encore…
C’est l’envie d’expérimenter la force du collectif, pour déplacer des montagnes dans un monde qui manque d’audace, qui pousse à avoir peur de l’autre.
L’envie d’affirmer que chacun.e a sa place. L’envie de montrer que s’émanciper, devenir autonome, c’est pouvoir faire des choix plus conscients.
L’envie de montrer que le temps est un allié, qu’il permet l’émergence et l’affirmation des idées. C’est aussi le temps qui a forgé ce paysage qui nous entoure.
L’envie de construire ensemble décuple les énergies, et permet d’aller plus loin. C’est de cette énergie dont nous avons besoin pour bâtir un autre monde…

Les infos du tiers-lieu

Chaque mercredi : une nouvelle animation aux Serres

Que ce soit pour donner forme au mandala végétal avec Sylvie, réaliser des couronnes végétales avec Nolwenn, ou simplement venir s’amuser autour d’un temps ludique avec Anne-Marie, l’équipe est là pour vous accueillir entre 14h et 17h, pour le temps que vous voulez, seul.e ou avec vos enfants.

Pour connaître vos envies ? Prenez quelques minutes pour ce questionnaire en ligne.

Transformer ses déchets verts en broyat, c’est possible aux Serres !

Mercredi 19 novembre, en partenariat avec le SMICTOM-VALCOBREIZH qui met à disposition son broyeur à végétaux, venez réduire en morceaux vos branchages (diamètre max. 10 cm). C’est gratuit et vous repartez avec votre broyat. Bien utile pour pailler les parterres, n’est-ce pas?

Jardins partagés : une parcelle est disponible

Les jardins partagés, c’est 12 parcelles de jardin sous serres de 28m² mises à disposition des habitants du territoire. Une parcelle est disponible. Alors, si ça vous tente de rejoindre la joyeuse bande des jardipotes, c’est le moment. Au programme : jardinage toute l’année et des légumes à gogo, partage de connaissances et bonnes pratiques, sérénité et convivialité. Seul.e ou à plusieurs, si la location de la parcelle vous tente (144 €/an de location), écrivez l’adresse: contact@bvbr.org

Dates à retenir

Samedi 15 novembre : Chantier participatif des jardipotes (10h-12h) et journée conviviale des bénévoles (repas partagé et jeux)

Mercredi 19 novembre de 14 à 17h  : Broyage de végétaux, en partenariat avec le SMICTOM.

Dimanche 23 novembre : Randonnée entre Combourg et Cuguen, avec la GTBR

Mercredi 26 novembre : Après-midi Jeux de société animée par Anne-Marie

Brin de culture

Nouveau hors-série du Courrier International : “Les liens qui nous font du bien”

Pour faire écho à l’actualité du tiers-lieu, jetons un œil au sommaire du Courrier International ! La presse étrangère nous apporte sur un plateau moult reportages et réflexions sur les façons de mieux-vivre ensemble. Une réponse ô combien revigorante à la tyrannie de l’individualisme, à la polarisation des opinions. Sans niaiserie aucune, il est question de fête, de cohabitation, de solidarités : des mots qui ont un peu tendance à s’effacer ces derniers temps…
En kiosque, 200 p., 8,90 €

Deux BD pour une ode à l’abeille !

Le jeune prodige Mathieu Bablet vient clore cette année sa trilogie spatiale, avec Silent Jenny, un récit post-apocalyptique aussi contemplatif qu’époustouflant. Fidèle à sa veine humaniste, il déploie planche après planche un imaginaire si loin et si proche de nous… Quel monde après l’extinction des butineurs ? Dans cet univers crépusculaire, une lueur résiste. Toujours.
Silent Jenny, Mathieu Bablet, éd. Rue de Sèvres/Label 619, 320 p., 31,90€

Malia va quant à elle à la rencontre des économistes et populations locales pour trouver quel est le prix du vivant. De là découlent le raisonnement du monde financier et la nature cannibale du système. Cette BD trouve son originalité dans la scéno et le graphisme : les personnages sont les outils qui nous guident à travers les théories, statistiques et données économiques. Que nous apprend la petite abeille ? La puissance d’un service quotidien purement gratuit rendu à l’humanité toute entière !
Combien coûte une abeille ?, Régis Marodon, Ruedi Baur, éd. Point Némo, 168 p., 23,90 €

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