Vivre et cultiver autrement : le pari de Laurent

C’est en mars que Laurent a rejoint l’équipe salariée du Tiers-Lieu pour la mise en œuvre du projet de maraîchage solidaire. Et depuis, c’est avec énergie et détermination qu’il s’emploie à remettre en état l’espace de production, sous serres et en pleine terre, sur une superficie totale de 2000 m².

Faire le portrait de Laurent, c’est déjà parler de ses choix. Si nous sommes nombreux à parfois nous laisser porter par les événements, Laurent, lui, sait ce qu’il veut. Et ce qu’il veut, c’est travailler la terre.

Parce que travailler la terre a du sens pour lui, il a décidé, à la suite de ses études d’ingénieur en biologie, filière « Innovation Aliments et Agro-ressources » — diplôme pourtant obtenu avec brio —, de suivre un tout autre chemin que celui qui lui était destiné.

Si l’on remonte quelques années plus tôt, ce n’est pas vraiment le hasard. Depuis toujours, ce qui le passionne, c’est comprendre comment fonctionne le vivant. Toutes ces années d’études lui ont permis d’acquérir de solides compétences en biologie bien sûr, mais aussi de réelles aptitudes pour prendre en compte les enjeux agricoles d’aujourd’hui. Avec du recul, Laurent explique cependant qu’il aurait préféré s’engager dans des études d’agronomie, pour être au plus près de la production alimentaire, de la terre à l’assiette.

À la sortie de ses études, il fait le constat que travailler comme ingénieur, c’est travailler dans l’industrie. C’est bien trop éloigné de ses convictions pour qu’il puisse s’y résoudre. Comme il le dit, il a « lâché l’affaire » pour s’engager dans une tout autre voie. Le rapport à la terre est revenu en force. Alors, il a pris son bâton de pèlerin pour enchaîner plusieurs expériences de wwoofing : à l’Eco-centre du Bouchot, où il a pu expérimenter le maraîchage et animer des ateliers « les mains dans la terre » ; puis à la Ferme de Sinsac ; et enfin en s’initiant au travail de pépiniériste à « La Feuille au Vent », une pépinière en Saône-et-Loire, et plus récemment à la micro-ferme maraîchère « Les Biao Jardins d’la Renaud ». À la suite de cela, il a suivi une formation sur le label « Végétal local », dont l’objectif est de garantir la traçabilité des végétaux et la conservation de leur diversité génétique, pour y travailler durant quelques mois.

C’est aussi à cette période que l’idée et l’envie de s’installer à son compte ont germé. Plusieurs expériences en pépinières l’ont alors conduit à s’engager dans un BPREA Horticulture, qu’il a obtenu en 2023.

Aujourd’hui, il a une idée précise de ce qu’il veut faire — et surtout de ce qu’il ne veut pas faire. Une chose est sûre, il ne souhaite pas transiger sur certaines valeurs qui lui sont chères. Il est important pour lui de relier ce qu’il fait avec la vision qu’il a de la société. Le travail n’est pas une fin en soi, mais doit s’inscrire plus globalement dans un projet de vie, rimant avec collectif, joie de vivre, justesse, respect et reconnaissance.

Son idéal : « Produire plutôt ce qui va dans l’assiette, en sensibilisant sur la manière dont on le fait, afin que cela serve d’exemple et de levier pour aller vers une société plus résiliente. J’apprécie vraiment de travailler au sein d’un Tiers-Lieu pour la dimension collective et la belle synergie que cela peut générer. Ce qui me plaît, c’est le potentiel, cette ouverture aux idées et expérimentations. L’idée que plusieurs activités puissent y naître, boostées par un esprit coopératif. »

Top
X